Les vitrines murales
Depuis trente ans, le public s’intéressant aux minéraux est de plus en plus large : de simples cailloux n'intéressant qu'un petit groupe de spécialistes, ils sont devenus des objets précieux comparables aux œuvres d'art. Certains spécimens exceptionnels, connus internationalement, sont même qualifiés de chefs d’œuvre du monde minéral ! Et toute grande collection ne tire-t-elle pas sa fierté des chefs d’œuvre qu’elle contient ?
Pour faire partie d’une telle collection, un spécimen doit répondre à plusieurs critères. Le plus important est la dimension. D’une part, dans la nature, les grands cristaux sont toujours plus rares que les petits. D’autre part, plus un spécimen est grand, plus il est visible et impressionnant.
Les vitrines murales accueillent donc les grands spécimens de la collection, dont plusieurs, regroupés surtout dans la vitirne murale numéro un, sont exceptionnels.
L’Ilménite de Zambie fait partie de ces spécimens remarquables. C’est un minéral courant, exploité pour le titane. En général, les grands cristaux d’ilménite sont confus, et ne présentent pas les dessins que vous pourrez remarquer ici.
La Sidérite avec calcite a été découverte en 1990 dans une carrière d’empierrement. Le négociant qui l’a acquise ne lui accordait pas d’importance. Pourtant, une fois achetée et révélée par Jussieu, plusieurs collectionneurs firent le voyage au Brésil dans l’espoir déçu d’en trouver d’autres.
La sidérite de Jussieu est a priori la meilleure connue pour cette dimension.
La chevkinite (tchèfkinite) du Pakistan qui vous est présentée à côté est exceptionnelle par la dimension de ses cristaux. Elle provient de l’exploitation, tenue secrète pendant un an d'une petite veine où les cristaux étaient très difficiles à dégager intacts. Comme la collection de Jussieu avait participé à cette aventure, elle a pu ainsi acquérir le meilleur spécimen.
Le Chrysocolle (krisocol), quant à lui, est rarissime en stalactites. Il forme en général des filons ou des amas globulaires. L’exemplaire de la collection est le meilleur connu. Il provient d’une petite découverte qui n’a pas livré plus d’une douzaine de spécimens.
Enfin, la dolomite est le constituant d'une roche importante, la dolomie. Malgré cette abondance, les beaux cristaux sont très rares. En revanche, la carrière d'Eugui, en Espagne, est réputée pour ses cristaux depuis de nombreuses décennies. Avant son acquisition, le spécimen exceptionnel exposé ici était la fierté d’une collection privée.
Certaines pièces des vitrines murales ont également une dimension historique. Regardez, dans cette même vitrine murale, la grande Barytine de Frizington, au Royaume uni, ainsi que la grande fluorite violette d’Alston Moor dans la vitrine murale numéro trois. Ces cristaux sont remarquables en raison de leurs dimensions très inhabituelles, mais pas seulement. Ce sont deux des six spécimens les plus anciens exposés aujourd’hui. Ces pièces ont été acquises en 1848, lors de l’achat de la collection du professeur suisse Jurine.
En plus de ses dimensions et de son histoire, un spécimen de collection acquiert un surcroît d’intérêt lorsqu’il vient d’un pays ou d’une localité particulière. En France, les minéraux français sont toujours plus appréciés que les minéraux de qualité égale trouvés ailleurs. C’est par exemple le cas de la Barytine de Maine-Reclesne de la vitrine numéro trois. Cette mine exploitait un filon de barytine et de fluorite dans lequel se trouvait un puits naturel de 120 mètres de haut, tapissé de cristaux. L'échantillon du musée a été récolté en 1983 par des membres de la collection. C’est aussi le cas des Pyromorphites des Farges, en Corrèze dont on peut voir un spécimen « géant ».
Enfin une petite partie de la vitrine murale centrale présente les acquisitions récentes, à peu près sur une année. Elle témoigne de l’activité de la collection, mais aussi de la richesse des nouvelles découvertes.